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Les Tribunes de Frédéric Fougerat
16 juillet 2014

NORMALITE OU ANORMALITE ? PAR FREDERIC FOUGERAT

 

Frederic Fougerat - Altran Group Vice President Communication - 2014 Large - Credit Vincent Holley

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Faut-il faire l’éloge de la normalité ou de l’anormalité ?

« L’état normal d’un homme est d’être un original ». Cette citation de Tchekov pourrait régler son sort à cette tribune dès sa première phrase. Pourtant, depuis l’élection présidentielle de 2012 en France, la question d’être « normal » est devenue un sujet de débat, de référence, d’humour… La réponse, elle, n’a pourtant pas encore été tranchée !

Quand un candidat à la fonction suprême déclare qu’il sera un « président normal », il touche, à l’époque, l’esprit de ceux qui sont agacés, voire perturbés, par l’omniprésence d’un « hyper président », terme inventé puis surexploité par les médias. Il espère probablement aussi proposer une rupture, incarner une promesse de société apaisée à laquelle semblaient aspirer beaucoup de Français.

Le marqueur d’une époque

Le choix intuitif ou stratégique du mot « normal » a eu pour avantage de créer un discours simple et efficace. Cette performance de communication a également eu pour contrepartie d’être gravée dans la mémoire collective et donc de demeurer une référence. C’est même aujourd’hui devenu le marqueur d’une époque.

Pourtant, il est plutôt difficile, voire incompatible, d’exercer une fonction exceptionnelle et de vouloir s’inscrire dans la normalité. Chacun le sait, chacun le savait, même ceux qui ont, le temps d’une campagne électorale, voulu croire ou espérer le contraire.

Leader manager, leader collaborateur, leader syndical… Comme en politique, l’entreprise compte elle aussi un grand nombre de leaders. Tous sont autant de personnalités fortes et uniques qui incarnent à la fois  leurs propres ambitions et celles de l’entreprise. Ils tirent leur leadership de leur intelligence ou de leur engagement exceptionnel, de leur incroyable capacité à convaincre, à porter un groupe, ce qui leur confère influence et autorité.

Si ce charisme, ce rayonnement peuvent paraitre naturels, ils ne sont pas, à proprement parler,  normaux , au moins parce qu’ils ne sont pas le dénominateur commun d’une majorité de personnes. C’est bien son caractère exceptionnel, donc anormal , qui confère au leader une forme de pouvoir sur les autres, qu’il soit moral, éthique, psychologique, politique... C’est bien le prestige dont il jouit qui le rend différent, et donc anormal. 

L’entreprise doit innover

Toute collectivité humaine - l’entreprise en est un exemple - a besoin de personnages symboliques, voire de personnalités exceptionnelles, avec une vision, une ambition, une force particulière permettant d’embarquer derrière elles toute une équipe. 

L’entreprise elle-même, au-delà de l’humain, ne peut pas ou ne peut plus être performante en restant juste normale. Ce sont bien les investissements en R&D qui sont désormais un des principaux indicateurs d’anticipation de la performance. Pour aller plus vite, plus loin que ses concurrentes, l’entreprise doit donc innover. Qu’il s’agisse d’innovation dans la qualité des produits ou des services, d’innovation technologique, l’entreprise ne peut plus, aujourd’hui, se contenter de normalité car les parts de marché se gagnent aussi sur la différenciation.

Souhaiter favoriser des relations apaisées tant au niveau de l’espace public que du cercle professionnel est louable. Vouloir tendre vers un retour au respect d’autrui, comme au respect de l’autorité et des fonctions, et ainsi des règles de société, est souhaitable voire indispensable… Mais il ne s’agit pas nécessairement de chercher à être « normal ». D’ailleurs, la norme est une construction sociale qui avait vocation à créer de la cohésion et dessiner une fausse image d’une société qui n’existe plus.

En réalité, être « normal » n’existe pas. « Tous les hommes sont des exceptions à la règle qui n’existe pas », écrivait Fernando Pessoa. Il n’y a donc pas de normes normales. Il nous faut cesser de chercher à nous cacher derrière une normalité, croyant ainsi nous protéger. Nous devons plutôt créer et valoriser de nouvelles règles de développement, de management, de vivre ensemble, dans une société en dérive où nous ne devrions plus être les spectateurs mais redevenir les acteurs.

Frédéric Fougerat

facebook.com/frederic.fougerat

http://twitter.com/fredfougerat

Photo : Frédéric Fougerat par Vincent Holley / Altran

Frédéric Fougerat

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